Méfiez-vous du trop beau!

Valérie Muster, de la FRC, et Pascal Tonnerre, du Réseau français anti-arnaques, livrent quelques trucs tout simples pour repérer les tentatives d’escroqueries.

Phishing, skimming, gains à la loterie imaginaires, héritages bidon, démarcheurs douteux, fausses offres d’appartements… L’imagination des arnaqueurs est aujourd’hui sans limites. Pourtant, on peut éviter de se faire plumer. Notamment en suivant les conseils de Valérie Muster, juriste à la Fédération romande des consommateurs (FRC), et de Pascal Tonnerre, président du Réseau français anti-arnaques (RAA), qui vient de fêter ses 5 ans d’existence.

1 – Quand faut-il se méfier?

A l’unisson, Valérie Muster et Pascal Tonnerre conseillent «de toujours se méfier du trop beau». Et la juriste de préciser: «Gagner à un concours ou à une loterie à laquelle on n’a pas participé relève de la pure utopie.» Elle ajoute: «De manière générale, n’oubliez pas qu’un établissement bancaire ne vous demandera jamais de données personnelles par e-mail, qu’il ne faut jamais signer un contrat tout de suite, avant d’avoir pris le temps de réfléchir, et qu’il est indispensable de toujours lire les petites lignes. De même, mieux vaut fuir les sites non sécurisés lors de paiement on line (on les reconnaît à l’absence de: «s» à http ou de cadenas).» Pascal Tonnerre reprend: «La demande d’utilisation de Western Union devrait immédiatement mettre la puce à l’oreille. C’est un système fiable, mais très souvent utilisé par les arnaqueurs. Le fait qu’un interlocuteur se trouve à l’étranger doit aussi vous alarmer.»

Tous deux soulignent encore que «des fautes d’orthographe grossières ou des adresses e-mail banales censées appartenir à des grosses entreprises indiquent la potentielle malhonnêteté».

2 – Arnaques les plus courantes

Les arnaques les plus fréquentes actuellement sont liées au phishing – ou hameçonnage –, soit un vol de données personnelles (nom de votre banque, numéro de compte, mot de passe, etc.). Comment ça marche? La victime reçoit un courriel «où les noms d’établissements tels Paypal, La Poste ou Swisscom sont usurpés de manière de plus en plus habile pour faire croire au destinataire de l’e-mail qu’il doit exécuter une opération urgente sur son compte, ou payer une facture afin d’éviter la clôture de celui-ci, par exemple», explique Valérie Muster. Très courantes aussi, les arnaques à la loterie – qui permettent également aux escrocs de vous extorquer des données personnelles. Une variante à ces loteries: l’héritage inattendu d’un parent inconnu.

Valérie Muster note encore un nombre important de «fausses annonces pour voitures ou appartements à louer. Il vous sera demandé une caution ou un paiement via Western Union avant l’acquisition d’un bien… que vous ne verrez jamais puisqu’il n’existe pas!» Par ailleurs, on signale actuellement de nombreux cas de skimming (il s’agit du piratage de vos coordonnées bancaires via des automates ou des terminaux de paiement trafiqués). «Cela fait des ravages car les banques n’entrent pas toujours en matière pour un remboursement total», souligne Valérie Muster.

3 – Les parades

Comment éviter le phishing? Quand vous recevez un courriel douteux, qu’il provienne d’une soi-disant banque ou d’un oncle du Cameroun, poubellisez-le ou, mieux, glissez-le dans les «indésirables». Pour les annonces d’appartements: ne vous fiez pas aux photos et si l’on vous demande d’envoyer de l’argent en échange des clés, fuyez! Concernant le vol de cartes bancaires, Valérie Muster rappelle: «Si quelqu’un se rapproche de vous lorsque vous retirez de l’argent à un distributeur, interrompez la transaction en cours. Et allez faire votre retrait ailleurs!» (Le Matin)

 

«Je me suis fait pigeonner comme un débutant»

Bernard Pichon
Journaliste, auteur du guide «Voyager sans se faire plumer»

«J’ai beau avoir écrit le guide anti-arnaques «Voyager sans se faire plumer», je me suis fait pigeonner comme un débutant, en 2010. Ce qui m’a rendu vulnérable, c’est le côté émotionnel de la chose. De fait, j’avais eu des fennecs chez moi pendant plus de 30 ans et le dernier venait de mourir de vieillesse.

Si bien que quand je suis tombé sur une offre illustrée sur Internet… je ne me suis pas méfié. D’autant moins que, selon mes vérifications via Google Earth, l’adresse que les vendeurs m’avaient donnée à Liverpool semblait exister. En plus, ils m’ont posé énormément de questions sur les conditions dans lesquelles vivraient les animaux que je voulais acheter. Ils disaient vouloir s’assurer que les fennecs seraient heureux chez moi… Non seulement je n’ai rien flairé mais, en plus, je leur ai même envoyé une vidéo des installations qui leur étaient destinées! Une fois qu’ils ont été rassurés (un comble!), ils m’ont demandé de leur verser une partie de la somme convenue afin de pouvoir entreprendre les formalités vétérinaires et administratives.

Et là, grave erreur, j’ai accepté de verser plusieurs centaines de francs via Western Union… Je n’ai évidemment jamais vu le moindre museau de fennec! C’est une grosse blessure d’amour-propre que de m’être fait avoir: on se croit toujours plus malin que les autres et avec une affaire pareille, on a la preuve qu’on ne l’est pas. Et c’est aussi très frustrant car il est quasi impossible de récupérer quoi que ce soit. Avec le recul, je me dis que j’ai peut-être accordé une prime à la débrouillardise à des communautés de condition précaire…».

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